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D’un cahier d’évidences

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The one and only Leonidas Kavakos

The one and only Leonidas Kavakos

Sans doute la trouverez-vous péremptoire, contestable, partiale, naïve, imparfaite, inutile, confuse, prosélyte, incomplète ou désinvolte. Sans doute aurez-vous raison. Sans doute y avait-il mieux à écrire, et d’une toute autre manière. La voici tout de même, cette liste d’impressions éparses inspirée par la soirée de ce 25 avril, salle Pleyel, sur le mode de l’évidence, car l’exprimer autrement serait impossible. Disons donc :

 

– Que je n’aurais raté ce concert pour rien au monde.

– Que la présence au programme du Concerto de Sibelius (mon préféré, mon indispensable) m’avait décidé à y aller, même si ce n’était pas la seule raison.

– Qu’il y avait une autre raison – c’était Leonidas Kavakos.

– Qu’on le verra toujours habillé de la même façon, mais qu’on ne l’entendra jamais jouer deux fois la même chose.

– Qu’on a beau s’y perdre un peu dans la construction du premier mouvement, il suffit de se laisser guider par le chant de son violon, qui ne vous lâche jamais.

– Qu’il y eut des pianissimi d’un autre monde, d’un autre temps.

– Que les raccords soliste-orchestre se raccordèrent aussi millimétriquement que les Perses se percèrent.

– Qu’avoir l’impression que le Kav’ vous regarde de derrière ses lunettes, ça fait tout drôle.

– Qu’avouer entendre votre cœur battre au même rythme que les pizzicati des contrebasses, c’est tout sauf du chiqué.

– Que la note filée à la fin de l’Adagio di molto, c’est tout bonnement indescriptible.

– Qu’entendre les cordes de l’OdP racler aussi violemment le crin de leur archet à la BFZ dans le Finale, c’est un fait assez rare pour être signalé.

– Qu’il n’y a finalement rien à ajouter à l’analyse de David Christoffel sur le jeu de Kavakos.

– Qu’il n’y a rien à ajouter sur toutes celles de Klari non plus.

– Qu’à part sa coupe de cheveux, je ne vois pas trop ce sur quoi il y aurait à redire.

– Que je suis sincèrement navré d’en avoir oublié vos prestations en concert dans ce même opus 47, chères Hilhary Hahn et Viktoria Mullova.

– Qu’en langue mélomanienne, « Kavakos » veut dire « miracle ».

– Que l’admiration n’a pas de degrés suffisamment hauts pour y placer cet homme.

– Que trouver des mots à la hauteur de son mérite est un défi lancé à la langue française.

– Que l’émotion visible de ce grand gaillard face à l’ovation du public aurait fait pleurer une pierre.

– Qu’une pierre a pleuré.

– Que « Kavakos » s’écrit avec un D, un I, un E et un U.

– Que le taulier du Sibelius, c’est lui.

– Que ce n’est pas moi qui le dit mais Ivry Gitlis, et on peut le croire.

– Que le bis était l’Andante de la Sonate n°2 en la mineur BWV 1003.

– Que c’était un choix tout indiqué.

– Qu’une place en rang A, exactement face au soliste, est d’autant plus exceptionnelle si elle a été frauduleusement occupée ni vu ni connu.

– Que vingt minutes d’entracte seront toujours un peu courtes pour se remettre de ÇA.

– Qu’à la réflexion il n’y a pas de mal à ne pas s’en remettre.

– Que vous voulez rire, il va falloir attendre l’année prochaine pour revoir le Kav’ à Paris ?

– Qu’il n’y avait tout de même pas que le Concerto de Sibelius à distinguer ce soir.

– Que l’ardeur du percussionniste préposé au tambourin valait à elle seule le coup de s’enthousiasmer pour les Valses nobles et sentimentales de Ravel.

– Que si vous n’aimiez pas Brahms avant ce soir, vous auriez appris à l’aimer.

– Qu’un engagement pareil de la part de tous les OdPistes faisait plaisir à voir.

– Que des prestations en demi-teinte et des impressions contrastées peuvent vite s’oublier.

– Que Paavo Järvi est décidément un chef exceptionnel, et un accompagnateur hors pair.

– Que rodage de tournée oblige, on a même pu entendre un bis, la Valse triste.

– Que le public de Budapest et de Belgrade va adorer ce concert.

– Qu’on en ressort ému et dans un état d’excitation carabiné.

– Que ce concert sera disponible pendant six mois en réécoute gratuite.

– Que si vous ne cliquez pas sur le lien, c’est que vous l’avez déjà fait, n’est-ce pas ?

(Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales, Jean Sibelius : Concerto pour violon et orchestre, Johannes Brahms : Symphonie n°3 ; Paavo Järvi, Leonidas Kavakos, l’Orchestre de Paris ; Salle Pleyel, le 25/04/13)



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